Feuille de quinzaine n°502

Du dimanche 3 décembre au dimanche 17 décembre 2023

« Veillez, soyez prêts »

Les feuilles qui jaunissent et tombent annoncent la fin de l’automne. La fraîcheur de la journée, le soir qui tombe trop tôt nous font déjà penser à ce temps hivernal qui approche et nous obligent à nous recouvrir davantage.

La liturgie nous fait entrer dans ce temps de l’Avent qui nous mène effectivement à la fête de la Nativité. Et nous nous préparons à cette belle fête de Noël. Mais pour rester toujours dans l’ambiance de cette fête chrétienne, il faut avoir la vigilance et la prudence. Le Christ, le Roi de l’univers nous le rappelle quand il dit à ses auditeurs : « Veillez car vous ne savez quand vient le Seigneur. » (Mc 13,36).

Certes, la déception, la peur, le doute nous envahissent mais toutes ces réalités ne devront pas éteindre notre espérance, notre persévérance et notre vigilance. Si parfois elles nous tentent, faisons comme l’arbre qui perd ses feuilles chaque année mais qui reste toujours debout en attendant les jours meilleurs. Alors nous accomplissons facilement notre journée avec joie et courage si nous nous appuyons sur la parole de Dieu.

En d’autres termes « veiller » pourrait nous signifier aussi « avancer, continuer ». La vie continue toujours, notre marche ne s’arrête pas là. Nous devons agir et faire des défis pour l’avenir en attendant le retour du maître de la maison. Il y a tant de belles choses qui nous attendent car l’expérience disait Confucius est une bougie qui n’éclaire que celui qui la porte. Et chaque instant de la vie est une opportunité qui nous fait avancer vers la vraie lumière que nous allons fêter bientôt.

Alors, ne ratons pas ces belles occasions qui passent devant nous !

Fr Odon o.ss.t

Feuille de quinzaine n°501

Du dimanche 19 novembre au dimanche 3 décembre 2023

VIIe JOURNÉE MONDIALE DES PAUVRES
« Ne détourne ton visage d’aucun pauvre »
 (Tb 4, 7) extrait du message François

« La Journée Mondiale des Pauvres, signe fécond de la miséricorde du Père, a lieu pour la septième fois afin de soutenir la marche de nos communautés. C’est un rendez-vous que l’Église enracine progressivement dans sa pastorale, pour découvrir toujours mieux le contenu central de l’Évangile. Chaque jour, nous sommes engagés dans l’accueil des pauvres, mais cela ne suffit pas. Un fleuve de pauvreté traverse nos villes et devient toujours plus grand jusqu’à déborder ; ce fleuve semble nous submerger si bien que le cri des frères et sœurs demandant de l’aide, du soutien et de la solidarité s’élève de plus en plus fort. C’est pourquoi, le dimanche qui précède la fête de Jésus Christ Roi de l’Univers, nous nous retrouvons autour de sa Table pour recevoir à nouveau de Lui le don et l’engagement de vivre la pauvreté et de servir les pauvres………..
« . Les pauvres sont des personnes, ils ont des visages, des histoires, des cœurs et des âmes. Ce sont des frères et des sœurs avec leurs mérites et leurs défauts, comme tout le monde, et il est important d’entrer dans une relation personnelle avec chacun d’entre eux.  « Que notre attention envers les pauvres soit toujours marquée par le réalisme évangélique. Le partage doit correspondre aux besoins concrets de l’autre, pas pour me débarrasser du superflu. Ici aussi, il faut du discernement, sous la conduite de l’Esprit Saint, pour reconnaître les véritables besoins de nos frères et non nos propres aspirations. Ce dont ils ont certainement besoin de toute urgence, c’est de notre humanité, de notre cœur ouvert à l’amour. N’oublions pas : « Nous sommes appelés à découvrir le Christ en eux, à prêter notre voix à leurs causes, mais aussi à être leurs amis, à les écouter, à les comprendre et à accueillir la mystérieuse sagesse que Dieu veut nous communiquer à travers eux » La foi nous enseigne que tout pauvre est un enfant de Dieu et que le Christ est présent en lui : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40).

Le message du PAPE FRANCOIS me fait penser à Philippe Dupagne que plusieurs ont connu à la paroisse et aux captifs la libération. Je choisis de vous partager quelques passages de son témoignage après de nombreuses années à la rue il nous partage son chemin de vie. Philippe après une vie bien remplie avec un cœur généreux est décédé la semaine dernière. « Le Père Giros avait une idée très précise sur le rôle social de l’église. Pour lui, l’église devait s’ouvrir vers l’autre et non l’autre vers l’église. Avec les problèmes mais aussi les bonheurs que cela supposait. Il a instauré les prières de rue. C’était des moments privilégiés de rencontre et de partage entre les gens de la paroisse et les SDF qui étaient totalement intégrés comme faisant partie de la paroisse. Après la mort de Patrick, l’ambiance est demeurée, elle s’est même amplifiée. Selon mon expérience, la paroisse de Saint-Leu s’est ouverte de plus en plus vers les gens qui n’ont pas de toit »

« On ne sort pas de la rue tant qu’on n’est pas prêt. » Il y a beaucoup d’addictions dans la rue, à la drogue, à l’alcool, il ne faut pas se le cacher. Moi j’ai eu la chance de ne jamais toucher à ça. C’est ce qui m’a permis de m’en sortir. Aujourd’hui j’ai un logement, je fais du bénévolat, je me suis intégré à la paroisse avec une perspective d’évolution diaconale. Ma sortie de la rue remonte à seulement 3 ans. Je ne rejette pas ces années, mais j’ai franchi un cap. Je m’aperçois que ce que le père Patrick me disait, toutes les petites graines qu’il semait chaque jour en moi, tout ça a fini par germer. On ne sort pas de la rue tant qu’on n’est pas prêt. Les bénévoles des Captifs savent cela. Ils sont simplement à l’écoute, ils ne nous poussent pas. Ils viennent les mains vides, avec ce qu’ils sont, leur personnalité. Les mains vides mais remplies de tout ce que le Seigneur peut donner. L’essentiel, c’est la relation de personne à personne. Ce qui compte, ce n’est pas ce qu’on apporte, mais qui on est.

Il nous apprenait cela aussi : à aller toujours de l’avant sans jamais s’arrêter. Même si on a atteint son but, il faut tout de même continuer. Ça ne sert à rien de regarder en arrière, ni ce qui se passe aujourd’hui. L’essentiel, c’est demain, car demain est fait d’aujourd’hui et d’hier. » Je pense souvent à la phrase de l’Abbe Pierre « il faut toujours laisser un carreau de cassé pour entendre la clameur des pauvres » Je souhaite avec un même cœur ; Paroissiens, membres de captifs la libération d’entendre les cris des pauvres de la rue st Denis  et de les accueillir

Sœur SOLANGE 

Feuille de quinzaine n°500

Du dimanche 5 novembre au dimanche 19 novembre 2023

L’exposition sur le Saint Sépulcre nous quitte, et poursuit sa route vers d’autres paroisses …

Elle nous accompagnés depuis plusieurs semaines, en nous consolant un peu de ne pouvoir nous rendre en Terre Sainte. Sainte terre déchirée à nouveau par ces attaques épouvantables dont personne ne peut entrevoir la fin…

Au milieu de tant de déclarations et de nos questionnements,  la parole de Dieu est d’une grande sagesse, dans le 1er Testament, comme dans le second. Ces jours-ci nous recevons avec profit dans la liturgie la lettre aux Romains. Saint Paul, particulièrement dans les chapitres 9, 10 et 11  nous permet de comprendre l’histoire du Salut, et la place de tous les hommes dans le cœur de Dieu,  ici et maintenant.

 Chacun pourra reprendre avec fruit la lettre de saint Paul aux Romains, et cette approche du Pape Jean Paul II. N’oublions pas qu’il est saint ( canonisation le 27 avril 2014) , ce qui, en ce mois de novembre marqué par la fête de la Toussaint et la prière pour les défunts, nous ouvre de larges perspectives ! 

« Le témoignage courageux de la foi devrait caractériser la proclamation et la réalisation du dessein salvifique de Dieu en faveur de l’humanité toute entière. Promouvoir une condition humaine plus conforme au dessein de Dieu indique l’urgence de cet engagement commun pour rétablir la paix et la justice sociale. Reconnaissants la Seigneurie de Dieu sur tout le créé, en particulier sur la terre, les croyants sont appelés à traduire leur Foi dans un engagement concret, afin de protéger la sacralité de la vie humaine sous toutes ses formes et défendre la dignité de chaque frère et sœur.

 L’Eglise puise à la richesse du 1er Testament, dans la liturgie des Heures, la liturgie de la Parole et même la structure des prières eucharistiques. Le 1er Testament acquiert pleinement son sens à la lumière de l’Evangile  et contient des promesses qui s’accomplissent en Jésus. N’est-ce pas cette lecture actualisée faite par Jésus, qui allume « le cœur au-dedans » des disciples d’Emmaüs, en leur permettant de reconnaître le Ressuscité alors qu’il fractionnait le pain ? (Luc 24,32).

 Le souvenir des faits tristes et tragiques du passé peut ouvrir la voie  à un sens de fraternité renouvelé, fruit de la grâce de Dieu.  Qu’un dialogue sincère contribue à créer une nouvelle civilisation, fondée sur l’unique Dieu saint et miséricordieux, et qui soit promotrice d’une humanité réconciliée dans l’amour ». Audience 1999.   

A bon entendeur…!                                                                                                                    

A.B. +

Feuille de quinzaine n°499

Du dimanche 22 octobre au dimanche 5 novembre 2023

Des prières pour Israël Palestine

« L’an prochain à Jérusalem ! » Tel était le titre d’un édito il y a un an. Malheureusement, nous pouvons réactualiser cette phrase car les évènements nous empêchent d’envisager de partir cette année et le pèlerinage a dû être annulé.

Depuis le 7 octobre en effet, les évènements sont tels que nous sommes abasourdis et nous sentons impuissants. Pour reprendre les mots de son Eminence, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, Patriarche Latin de Jérusalem, « nous avons été soudainement catapultés dans une mer de violence sans précédent ». Mais nous ne sommes pas complètement impuissants car nous croyons en la force de la prière ; en union avec tous les Ordinaires de Terre Sainte, le cardinal a demandé une journée de jeûne et de prière pour la paix et la réconciliation ; notre paroisse a répondu à son appel avec un temps d’adoration eucharistique organisé tout l’après-midi de ce mardi 17 octobre et la célébration de la messe le soir à ces mêmes intentions. Notre paroisse a répondu à cet appel, comme beaucoup d’autres à travers le monde et ce sont des milliers de chrétiens qui se sont unis dans la prière pour tous les habitants de la Terre Sainte.

Cette Terre Sainte que nous ne pouvons visiter pour le moment, alors que ses habitants ont besoin de nous et nous attendent, elle vient à nous, dans notre paroisse, par le biais de l’exposition « Comme pèlerin au Saint Sépulcre ». Certains s’en souviennent peut-être puisqu’elle a été installée à Saint Leu -Saint Gilles il y a deux ans. Marie-Armelle Beaulieu, rédactrice en chef de la revue terre Sainte Magazine, qui l’a conçue, la présente ainsi : Pénétrer dans le jardin de la Résurrection au matin de Pâques? Nous aurions tous voulu être aux côtés de Marie-Madeleine ! A quoi ressemblait le Tombeau du Christ ? Quand la basilique du Saint Sépulcre a-t-elle été érigée ? Qui l’habite aujourd’hui ? Qui en prend soin ?

Terre Sainte Magazine, revue des franciscains de Terre Sainte, en partenariat avec l’Ordre du Saint-Sépulcre en France vous invite à devenir « Pèlerin au Saint-Sépulcre ».

Ne manquez pas cette exposition présentée dans notre église jusqu’au 30 octobre…

Mady Bédarrides
Dame de l’Ordre Equestre du Saint Sépulcre de Jérusalem
Membre du Conseil Pastoral de Saint Leu

Feuille de quinzaine n°498

Du dimanche 8 octobre au dimanche 22 octobre 2023

« La vigne du Seigneur, c’est l’Eglise »

Trois dimanches de suite, nous avons entendu la parabole de la vigne du Seigneur qui n’est autre que notre champ de travail. Et tous sont invités à y aller car Dieu est impartial. De nos jours, c’est l’Église qui manifeste cet amour infini de Dieu. Sa mission principale est de s’ouvrir au monde entier d’où l’appellation catholique.

Notre paroisse avait la chance d’avoir ces deux journées de portes ouvertes. Un bon moment qui a nous a permis d’accueillir des familiers ou des gens de passage autour d’une discussion, d’une visite de l’Église, d’une animation musicale. L’art et la foi s’embrassent. Certains visiteurs ont témoigné que les petites secondes de rencontre étaient riches. On s’accueille mutuellement car nous voulons leur partager nos joies comme eux aussi ont besoin de partager leur désir. Et cette initiative paroissiale était une belle occasion pour nous tous de renforcer le lien humain.

Le Pape François invite chaque chrétien à ne pas rester isolé dans son monde mais à s’ouvrir davantage aux autres. Alors profitons encore des belles opportunités que Dieu nous offre. Osons sortir de nous-même pour recevoir ce que l’autre nous apporte. Chaque être humain est unique mais la différence est une richesse et une source du bonheur si on arrive à l’exploiter.

Nous sommes tous sur cette maison commune, nous travaillons dans la même vigne et nous avons un seul patron, « le bon Dieu ». Alors il est de notre intérêt de respecter notre prochain quel qu’il soit, c’est le Seigneur qui l’a mis à côté de nous pour être notre compagnon de route. Avec lui, nous formons l’Église du Christ malgré nos limites.

Chacun d’entre nous est précieux devant le Seigneur. Il nous accueille à bras ouvert, nous devons aussi accueillir l’autre comme il est. Nous sommes tous des héritiers de la vie éternelle.

Dans toutes les rencontres que nous effectuons, prenons comme devise cette parole de Jésus : « Celui qui accueille son prochain en mon nom, il m’accueille, moi-même. » (Mt 18,5)

 Fr Odon o.ss.t

Feuille de quinzaine n° 497

Du dimanche 24 septembre au dimanche 8 octobre 2023

L’automne arrive

L’automne arrive avec ses charmes et ses changements ! Nous prions pour le Pape François et sa venue à Marseille. A Saint Leu, ces jours seront marqués par plusieurs rendez-vous très importants. Il ne faudra les manquer sous aucun prétexte !

La participation de chacun est attendue pour que notre paroisse, dans cette belle communauté de Saint Leu, puisse vivre et se déployer, puisse continuer à accueillir dignement toutes les personnes qui entrent dans ce superbe édifice et s’adressent à nous.

       Jusqu’au 26 septembre : avec la Mairie de Paris Centre (les quatre premiers arrondissements de la Capitale), le budget participatif attend le vote de chacun, que vous habitiez ou non sur le territoire paroissial. Alors les sommes nécessaires pourront être attribuées pour entretenir cette église et assurer les travaux urgents. Notre église est belle, mais en mauvais état !

       Dimanche 1er octobre (15h/17h) et mercredi 4 octobre (19h30/21h30) : les journées « portes ouvertes »  seront l’occasion de rencontrer les habitants du quartier et les autres, de les accueillir, d’entendre ce qu’ils attendent de nous et de leur présenter Saint Leu dans toutes ses composantes et ses diversités.

« Si deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux », nous dit en ce temps saint Matthieu (18,20). Forts de cette certitude, ne ménageons pas nos efforts pour « ouvrir l’espace de notre tente» (Isaïe 54,2), et pour réunir les 1500 signatures nécessaires au vote du budget participatif !

Ma prière chaleureuse et fidèle vous accompagne.

A.B.+

Feuille de quinzaine n°496

Du dimanche 10 septembre au dimanche 24 septembre

Belle rentrée paroissiale à tous !

Après un été qui, espérons-le, aura été riche en repos spirituel, rencontres et découvertes, ces jours seront marqués par plusieurs rendez-vous très importants. Il ne faudra pas les manquer sous aucun prétexte !

La participation de chacun est attendue pour que notre paroisse, dans cette belle communauté de Saint Leu, puisse vivre et se déployer, puisse continuer à accueillir dignement toutes les personnes qui entrent dans ce superbe édifice et s’adressent à nous.

       Du 7 au 26 septembre : avec la Mairie de Paris centre (les quatre premiers arrondissements de la Capitale), le budget participatif attend le vote de chacun, que vous habitiez ou non sur le territoire paroissial. Alors les sommes nécessaires pourront être attribuées pour entretenir cette église et assurer les travaux urgents. Notre église est belle, mais en mauvais état !

       Dimanche 1er octobre (15h/17h) et mercredi 4 octobre (19h30/21h30) : les journées « portes ouvertes »  seront l’occasion de rencontrer les habitants du quartier et les autres, de les accueillir, d’entendre ce qu’ils attendent de nous et de leur présenter Saint Leu dans toutes ses composantes et ses diversités.

« Si deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux », nous dit en ce temps saint Matthieu (18,20). Fort de cette certitude, ne ménageons pas nos efforts pour « ouvrir l’espace de notre tente» (Isaïe 54,2), et pour réunir les 1500 signatures nécessaires au vote du budget participatif !

Dans la joie de vous retrouver, ma prière, chaleureuse et fidèle vous accompagne.

A.B.+

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Feuille de quinzaine n° 495

Du dimanche 25 juin au dimanche 3 septembre 2023

« Reposez en paix ! »

Cette invitation, presque une bénédiction, vous parait elle un peu morbide ? Elle pourrait s’apparenter à ce que nous entendons si souvent au moment des obsèques….

Mais ce repos est pourtant nécessaire pour que notre organisme reste bien vivant ! La période estivale est propice au calme, à la tranquillité, au changement de rythme, et il n’est pas certain que la multiplication des activités et des déplacements nous fasse bénéficier d’une grande paix intérieure.

La tradition biblique reconnait l’alternance, inhérente à notre nature, d’une frénésie d’activités humaines et du sens du vrai repos en Dieu. Plus qu’une cessation de toute activité, il s’agit d’une remise, entre les mains du Seigneur,  de ce que nous faisons.

Israël a dû sanctifier le sabbat : «  Tu te souviendras du jour du sabbat pour le sanctifier » (Exode 20, 8). Et ce sens est à double portée : le rappel  que ce peuple  a été libéré de l’esclavage (« Dieu t’a libéré, il t’a fait sortir de la servitude par un bras vigoureux » (Deutéronome 5,15), et qu’il peut maintenant participer pleinement au repos de Dieu, le 7eme jour de la création (« Dieu bénit le 7eme jour et le sanctifia, car il avait chômé après tout son ouvrage de création » (Genèse 2,3).

Voilà une alliance que Dieu confie à son peuple : « ce peuple gardera le sabbat, en l’observant dans les générations, c’est une alliance éternelle » (Exode 31,17).

Ne vous imaginez pas un repos restrictif et triste : la joie et l’abondance y sont au rendez vous ! : «  Si tu observes le sabbat, tu trouveras tes délices dans le Seigneur, je te conduirai en triomphe sur les hauteurs de Sion, je te nourrirai de l‘héritage de ton père Jacob » (Isaïe, 58, 13).

Avec les psaumes, nous en recevons une description plus précise encore : « Dieu a fait choix de Sion : c’est ici mon repos à tout jamais. Sa nourriture, je la bénirai de bénédictions, ses pauvres je les rassasierai de pain ; ses prêtres, je les vêtirai de salut, et ses fidèles jubileront de joie. Ses ennemis je les vêtirai de honte, mais sur Sion fleurira un diadème ». (Ps 132).

Si Jésus nous dit que son Père et lui travaillent sans cesse (« mon Père est à l’œuvre jusqu’à présent et j’oeuvre moi aussi » (Jean 5,17), ce n’est pas pour entrer en contradiction avec le 1er Testament, mais pour nous faire comprendre que l’activité créatrice de Dieu est maintenant relayée par la miséricorde de son Jugement, bien à l’œuvre dans ce monde. Le livre du Siracide (ou Ecclésiastique) nous y avait déjà préparés : « En Sion, je me suis établie, dit la Sagesse, dans la cité bien aimée j’ai trouvé mon repos, en Jérusalem j’exerce mon pouvoir » (Siracide 24,11).

Avec le livre de l’Apocalypse, qui clôt la Bible et lui en donne son sens plénier, nous entendons que les Vivants ne cessent de répéter, jour et nuit, la louange du Dieu trois fois saint (Ap 4,8).

Bon et nourrissant repos à tous les amis de Saint Leu, et belle prière de louange !

A.B.+

Feuille de quinzaine n°494

Du dimanche 11 juin au dimanche 25 juin 2023

« Mais où est passé Jésus ? »

A cette candide question d’un petit enfant, qu’auriez vous répondu ?

Comme je lui expliquais, aussi patiemment que je pouvais, que Jésus était présent dans le tabernacle, l’enfant me dit, avec déception : « mais elle est toute petite la maison de Jésus ! ». Visiblement, il lui fallait un immense palais, à la mesure d’un Dieu aussi grand.

« Il dort là Jésus » ? Puis, cette affirmation : « on me dit toujours de ne pas faire de bruit dans l’église, comme quand mon papy fait la sieste. ». « Et mon autre papy, il dort pour toujours, parce qu’il était très fatigué ». Devant mon affirmation que Dieu ne dormait pas, cette remarque : « Si Jésus ne dort pas dans le tabernacle, c’est qu’il n’est pas fatigué ! ». 

Les remarques enfantines font sourire, mais ne cachent-elles pas souvent une part de désarmante vérité ?

Si le Seigneur veille dans le tabernacle, il n’est pas fatigué : ni de nos rebuffades, ni de nos absences, ni de nos prières rabâchées ou de nos demandes inconsidérées : il guette le cœur qui s’ouvre à lui (Ps 51,19), l’obole de la veuve (Mc 12,43), la prière du publicain (Luc 18,9).

Cette cascade de solennités liturgiques depuis plusieurs semaines nous ont portés vers de hauts sommets. Pâques, puis l’Ascension, Pentecôte et Trinité, avec maintenant cette solennité de la Fête-Dieu.

Le Credo place sur nos lèvres chaque dimanche que « le Christ est assis à la droite de Dieu le Père tout puissant ». D’où cette légitime envie de le voir siéger sur un trône somptueux. Et, pour une imagination  enfantine, la satisfaction de se représenter un Dieu partant comme sur une fusée pour traverser des immensités, puis siégeant sur tout l’univers, le plus majestueusement possible.

Mais le docte et brillant dominicain St Thomas d’Aquin nous a déjà mis sur la bonne voie, dans sa somme théologique : « si le trône de notre Dieu est dans le ciel, c’est pour contenir le ciel ».

Comme nous sommes faits à l’image de Dieu, nous pouvons approcher de cette mystérieuse réalité dans notre propre prière. Il nous arrive certainement de dire que « nous prions pour toute une famille, une communauté, ou même un pays ». Comment imaginer tant de personnes, chacune avec sa propre vie, dans ces dizaines d’années de bonheur et de tristesse, trouvant une place durable et adaptée dans ces quelques mots balbutiés, dans ces quelques minutes accordées à Dieu ?

C’est pourtant bien ce que fête l’Eglise aujourd’hui : ce miracle permanent de la présence de Dieu au tabernacle, et donné pour le monde entier, offert à chaque eucharistie, aimant aussi partir à la rencontre des cœurs ouverts. Comme celui de ce paysan madré qui expliquait simplement  au curé d’Ars ce qu’il faisait dans l’église, devant le corps du Christ dans l’ostensoir : «  je l’avise, et il m’avise ».

A.B.+

Feuille de quinzaine n°493

Du dimanche 28 mai au dimanche 11 juin 2023

Il y a cent ans, l’Église célébrait la béatification de Thérèse de Lisieux. Ces quelques lignes écrites par Anne Sophie Constant peuvent nous aider à mieux comprendre le chemin de celle que l’Église, par la suite, a déclaré docteur de l’Église.

RECONNAISSANCE

Thérèse de Lisieux supportait, dit-on, sans réagir aucunement, les fortes giclées d’eau sale que projetait sur elle la sœur qui travaillait à ses côtés au lavoir. L’histoire, racontée à l’appui de la réputation de sainteté de Thérèse, m’a très longtemps interloquée. Qu’y avait-il de juste, de charitable ou de saint à ne pas réagir ? À laisser faire, lessive après lessive, cette sœur indélicate, peut-être inconsciemment ? N’y aurait-il pas eu plus de vertu chrétienne à lui dire qu’elle faisait du tort à son prochain en agissant de la sorte et à l’aider ainsi à se corriger ? Je me posais souvent la question. Un jour, un prêtre à qui, parlant de mon incompréhension, j’expliquais que moi j’aurais agi différemment, me répondit : « Et  bien ça prouve que vous n’êtes pas sainte Thérèse ! »

Une évidence ? Sans doute ! Une boutade ? Peut-être ! Une réponse à ma question ? Non ! Mais la phrase trottait dans ma tête. Je pensais raisonner juste mais manifestement Thérèse ne raisonnait pas comme moi. Pourquoi laissait-elle faire, sans se défendre, ce qui était en toute objectivité quelque chose de mal ? Et puis, un jour, il m’a semblé comprendre qu’en fait l’histoire ne se jouait pas seulement entre Thérèse et cette sœur mais avec toute la communauté. Les autres sœurs au lavoir voyaient que Thérèse était régulièrement aspergée d’eau sale puisqu’elles l’avaient rapporté ensuite. Elles auraient dû réagir, « être le gardien de leur frère », de leur sœur en l’occurrence. Thérèse, en ne réclamant pas son dû, agissait en droite ligne de l’évangile, comme celui à qui on vole son manteau et qui donne sa tunique, mais les sœurs, elles, avaient oublié que le sort du pauvre, de l’humilié était entre leurs mains et que ce même évangile leur demandait d’accomplir toute justice.

L’histoire m’est revenue en mémoire lors d’une récente réunion paroissiale. On y parlait de reconnaissance, ou plutôt, du manque de reconnaissance fréquent dans l’Église comme ailleurs. Que la reconnaissance soit un besoin est une évidence.  Mais l’évangile ne dit-il pas que celui qui veut suivre le Christ, être disciple, doit « se renier lui-même », apprendre à se dépouiller, comme Lui « qui n’a pas retenu le rang qui l’égalait à Dieu », du souci de soi pour se consacrer à sa mission, sans en attendre ni reconnaissance ni honneur ? Oui. Mais se dégager du souci de soi ne dégage pas du souci des autres. Au contraire. C’est parce qu’on ne se soucie plus de soi qu’on peut se soucier des autres. Cette reconnaissance que nous ne demandons pas pour nous-mêmes nous avons le devoir de la manifester aux autres qui ont le même devoir à notre endroit. Celui qui, comme Thérèse, ne se défend pas lui-même se confie de fait aux autres du soin de le défendre et se charge de la défense d’autrui.

Anne-Sophie Constant                   Église d’Evreux n°124