Les 150 ans de la Commune de Paris – A St Leu-St Gilles

Après une guerre mal engagée contre la Prusse par le Second Empire, la France signe un armistice humiliant. Une Assemblée nationale, principalement royaliste, se rassemble à Versailles et désarme les bataillons de la Garde nationale de Paris en lui soustrayant ses canons. Il n’en fallait pas plus pour mettre le feu aux poudres et que le peuple parisien s’insurge, c’est le début de la Commune. Découvrez au travers de différents témoignages comment la Commune a impacté directement la vie de l’eglise à Paris.
https://youtu.be/b7bbIY8Qx4E

Les troubles de la Commune ( 1871) à St Leu.  

 Rappel de qques dates antérieures, en lien avec les reliques, et la présence du Saint Sépulcre à St Leu. 

29 nov 1819 : en présence des chevaliers du St Sépulcre :  translation des reliques de ste Hélène, mère de l’empereur Constantin ( édit de Milan 313) . Jusqu’alors, ces reliques étaient vénérées à l’abbaye d’Hauvilliers (près de Reims). Cette abbaye avait été fondée vers 650 par st Nivard, archevêque de Reims, « guidé par une colombe » pour fonder cette abbaye bénédictine (détenant l’évangéliaire d’Ebbon, le psautier d’Utrecht). Un prêtre de Reims dérobe à Rome la relique de Ste Hélène et la rapporte à Hauvilliers.                                                                                 Dom Pérignon , bénédictin ( 1638-1715) vit à Hauvilliers. Aujourd’hui l’abbaye appartient à la maison de champagne Moët et Chandon ( accueil des personnalités).  

En 1327, existait rue st Denis une église du st Sépulcre, avec une confrérie autorisée par le roi Philippe VI ( dans cette confrérie : présence de chevaliers et aussi de simples pèlerins). Cette confrérie s’était transportée dans l’église St Leu avant même la Révolution, avait fait construire à ses frais une crypte dite « chapelle du tombeau », avec le gisant du Christ en pierre. La confrérie disparait durant les tourmentes révolutionnaires, puis reparait ensuite.  Le roi Louis XVIII lui donne le titre d’archiconfrérie du st Sépulcre.

Troubles de 1830 :  « Monarchie de juillet ». Louis Philippe ( Orléans) « roi des français » succède à Charles X (Bourbon).  Des hommes montent par les descentes pluviales de St Leu et brisent les aiguilles de l’horloge : elles avaient la forme de fleurs de lys.

Troubles de 1848 : ( fin de la monarchie de juillet de Louis Philippe, Seconde République, puis Second Empire en 1852 : l’église St Leu  est envahie, un corps de garde s’y installe pendant 48 heures, et crée d’importants dommages, (sans précision de leur nature).  Le préfet de la Seine, comte de Rambuteau, prévoit des restaurations qui seront achevées en 1851 (parmi ces nouveaux aménagements :  chapelle des fonts baptismaux, table de communion, restauration des orgues…).

Les grands travaux d’Haussmann percent le bd de Sébastopol, et le chœur de l’église St Leu est amputé de 5 mètres.  L’architecte Baltard reprend le chevet, la chapelle de la Vierge (1861, avec voûtes en fonte habillées )  et tous les bâtiments d’accompagnement de l’église. Les grands lustres actuels datent de 1863.

Mars 1871 : la guerre civile, « Commune de Paris ».

9 avril 1871, le curé de St Leu ( Abbé Lartigue ) et l’Abbé Léris sont arrêtés par le citoyen Huguet ( délégué à la police) et 12 fédérés.
 13 avril,  l’église est fermée. Pillages.
14 avril : violation des caveaux.

15 avril : parodies liturgiques sacrilèges, sous la présidence du citoyen Kobosco. L’église est transformée en club, dont les séances commencent le 6 mai et durent 15 jours, en présence de nombreuses femmes, mais sans qu’elles aient droit à la parole. Les 10 orateurs sont exclusivement masculins, leurs noms sont mentionnés sur une liste conservée dans les archives de la paroisse.  

Barricades dans le quartier, avec grosses pièces d’artillerie installées rue aux Ours. Le journal Le Monde » et « le Pays » du 6 novembre 1871 relatent : « derrière la barricade élevée en face l’église se trouvait le fameux bataillon des femmes, composées de voleuses et de viragos de toutes sortes. En apprenant le 22 mai que les troupes versaillaises étaient entrées dans Paris, la colonelle du bataillon fit ouvrir à deux battants les portes de l’église et faisant charger un petit mortier, don de Delescluze au bataillon, elle fit tirer à boulets sur les saints qui se trouvaient dans l’intérieur. Ce fut un véritable carnage de saints et de saintes. Après avoir tiré la 1ère, elle autorisa ses soldats à en faire autant. Les dégâts, comme nous l’avons vu, furent considérables »

Rappel : assassinat de Mgr Darboy le 24 mai, et du curé de la Madeleine, l’Abbé  Gaspard Deguerry. 

Le curé Lartigue, échappant au massacre auquel il était destiné, rentre dans son église le jour de la Pentecôte. Cf plaque de marbre apposée qques mois plus tard, pilier côté chapelle de la Vierge. «  Le clergé et la paroisse de Saint Leu, heureux de voir rentrer dans leur église( en ruines, hélas !) leur vénéré pasteur M. l’abbé Lartigue, rendu à leur affection après 7 jours de dure prison à Mazas et trois jours de cruelle captivité à la Roquette, jour de Pâques 9 avril, jour de Pentecôte 28 mai 1871, témoignent leur reconnaissance à Dieu par l’intermédiaire de la Sainte Vierge. 18 août 1871 ».

Après la Commune, en 1877,  l’administration des Beaux Arts attribue à St Leu la statue de la Vierge par Dumont, en marbre blanc ( provenant de ND de Lorette, où elle avait été mutilée). Les reliques sauvegardées sont placées dans de nouveaux reliquaires, dans la chapelle   dite « de l’Abbé Gérard », située entre la chapelle st Leu et l’entrée de la sacristie.

Le Vœu National, initié par deux laïcs disciples de Frédéric Ozanam  ( Alexandre Legentil et le peintre Hubert Rohault de Fleury)  pour l’édification du Sacré Coeur de Montmartre date d’octobre 1870. Sa rédaction est définitive en janvier 1871,  et la Commune débute en mars 1871. Contrairement à beaucoup d’idées véhiculées encore aujourd’hui, il n’y a donc pas de lien à établir entre la Basilique du Sacré Coeur et la Commune.

Parmi les méfaits de la Commune, on note les destructions systématiques d’archives  (Bibliothèque du Louvre, de l’Hôtel de Ville, des collections du futur musée Carnavalet, acheté dans ce but par la Ville de Paris en 1866) , des archives de l’état civil et de l’Assistance Publique. Il n’y avait pas eu de destructions équivalentes depuis les grandes invasions normandes du 9eme siècle… Même les destructions de 1793 et des nazis furent moins importantes. Citation du  Général Cluzeret, futur communard : «  Paris sera à nous, ou Paris n’existera plus » ( juin 1870).

Citation de Bergeret ( nommé par la Commune « Commandant de la place de Paris », et responsable de l’ incendie des Tuileries (datant du 16eme siècle) :  « les derniers vestiges de la royauté viennent de disparaître, je désire qu’il en soit de même de tous les monuments de Paris ».

Heureusement, Henri Barbet De Jouy, conservateur du Louvre, arrive à stopper l’incendie du Musée, commencé par les Communards.

Ces troubles sont ils terminés aujourd’hui ?

Le 26 mai 2021, une procession est organisée par des paroisses de l’Est de Paris, dans le strict respect des lois, pour rendre hommage aux martyrs de ces paroisses, en particulier les otages de la rue Haxo, fusillés sous la Commune. Boulevard de Ménilmontant, la procession est violemment attaquée par des opposants, et plusieurs pèlerins sont blessés. L’Archevêque de Paris porte plainte.  

Un film ( durée 25 minutes) réalisé par Etienne Castelein pour le Diocèse de Paris ( sous la responsabilité du chanoine Jerôme Bascoul), offre une juste approche historique, et montre l’incidence de la Commune sur plusieurs églises parisiennes.

Pour visionner ce court métrage :https://youtu.be/b7bbIY8Qx4E