Méditation du frère Thierry dimanche 2 aout

« Renvoie donc la foule qu’ils aillent s’acheter de la nourriture. »
« Donnez-leur vous-mêmes à manger ».


Les disciples, hommes pratiques, suggèrent à Jésus : « Renvoie donc la foule, qu’ils aillent s’acheter de la nourriture. » S’il ne les renvoie pas, ils ne partiront pas. Mais Jésus ne les renvoie pas, il ne renvoie jamais personne. Au contraire, il dit aux disciples : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». J’aime voir ce Jésus qui ne renvoie personne, qui veut que tous puissent partager le repas avec lui. Voilà une image féminine de Dieu, un Dieu qui nourrit et alimente toute vie. Combien de fois trouvons-nous dans l’Évangile Jésus heureux de partager le repas avec d’autres, de Cana jusqu’à Emmaüs. Il aime tellement partager avec d’autres le repas, de les avoir auprès de lui, qu’il fait de la Cène prise ensemble le symbole de toute sa vie: «quand je m’en irai et que je ne pourrai plus vous rassembler et vous donner du pain, le rompre et le partager avec vous, vous pourrez vous réunir et me manger».

Dans ce passage, nous trouvons au moins quatre miracles. Le premier est celui de la foule qui, la nuit tombée dans un endroit désert, ne part pas et demeure auprès de Jésus, séduite par ce quelque chose que lui seul peut offrir et nul autre. Puis il y a ces cinq pains et ces deux poissons que quelqu’un met entre les mains du Christ, confiant, sans calcul, qui ne garde rien pour lui. C’est peu mais c’est tout, ce n’est qu’une goutte d’eau dans la mer peut-être mais cette goutte peut donner sens à toute une vie (Mère Teresa). Et le troisième miracle : ce peu de pain, ces quelques poissons suffisent, ils suffisent parce qu’ils sont partagés. Selon une mystérieuse règle divine, ce que nous partageons avec les autres augmente : lorsque mon pain devient le nôtre, au lieu de le diminuer, il se multiplie. La faim disparaîtra de notre monde quand nous apprendrons à donner. Jésus nous l’avait prédit : « Vous ferez des choses plus grandes que moi. » Nous arriverons à nourrir toute la terre tant que le partage sera possible.

Et enfin : « On ramassa les morceaux qui restaient : cela faisait douze paniers », un pour chaque tribu d’Israël, un pour chaque mois de l’année. Tout le monde mange et il en reste pour tous et pour toujours. Et mêmes les miettes ont de la valeur, le peu que tu es et que tu as. Rien n’est trop petit pour ne pas servir à la communion. Rien de ce que tu fais de tout ton cœur n’est trop petit, car chaque geste «total», sans demi-mesure, si minime soit-il, nous rapproche de l’absolu de Dieu. De quel droit les cinq mille ont-ils eu du pain et du poisson à satiété ? Leur seul droit était leur faim, le seul titre à le recevoir est la pauvreté. Devant Dieu, je ne peux me vanter d’aucun mérite sinon de ma pauvreté et de ma faim, de ma faiblesse comme… le dirait Paul. Et lui, le Dieu qui aime nourrir son peuple, donnera du pain à ceux qui ont faim ; à ceux qui sont repus seulement de pain, il suscitera la faim de l’Esprit.

Bon dimanche

fr. Thierry O.SS.T.