Réflexion dominicale du fr. Thierry

Je suis le chemin,
la vérité
et la vie.


Je suis le chemin, bien plus qu’une simple étoile polaire pâle et lointaine qui indique Ia direction. Une voie proche, solide, fiable sur laquelle je peux poser mon pied ; une terre battue auparavant par tous ceux qui ont pris cette route, et qui me rassure que je ne suis pas seul sur cette route. Le chemin exprime la liberté, née du courage de sortir et de partir, au rythme humble et tenace du cœur. Jésus n’a jamais affirmé qu’il est le but ou le point d’arrivée, mais qu’il est le chemin, le lieu où l’on se meut, le voyage qui élève nos vies, pour qu’elles ne restent à terre, qu’elles n’abandonnent pas au moindre obstacle et qu’elles voient qu’un premier pas est toujours possible. Dans notre civilisation occidentale, l’histoire et le mythe nous ont mis sous nos yeux deux types de voyages : le voyage du retour d’Ulysse à Ithaque, symbolisé par un cercle, et le voyage d’Abraham, qui quitte son pays pour ne plus y retourner, symbolisé par une flèche. Jésus, lui, est le chemin, il se met du côté de la flèche, car il ne s’agit pas d’un simple retour à la maison, mais d’un voyage in-fini, vers des cieux nouveaux et une terre nouvelle, vers un futur à créer.
Je suis la vérité : il ne dit pas “je connais” la vérité et je l’enseigne, mais “je suis” la vérité. En latin, vérité et printemps ont la même racine (ver-veris) qui indique l’éclosion. Le printemps est cette saison de la germination et qui rempli de fleurs et de vert tout le gel de nos hivers. La vérité fait fleurir les vies. Jésus est la vérité, il est l’auteur et le gardien qui cultive et améliore la vie. La vérité c’est chacun de nous quand, à sa suite, nous prenons soin et nous gardons, nous essuyons une larme, nous nous arrêtons auprès de l’homme battu par des brigands, en mettant des odeurs de printemps dans une existence.
Je suis la vie. « Seigneur, fais moi vivre ! », est la première et la plus forte supplique permanente de l’homme dans la Bible. Israël a recueilli tous les cris de la terre dans les psaumes. Et la réponse de Dieu à cette prière est Jésus. « Je suis la vie », qui s’oppose à la pulsion de mort, à la violence, à l’auto destruction que nous portons en nous. Sous le mot de vie, nous pouvons mettre l’avenir, l’amour, la fête, le repos, le désir, la pâques, les générations, les étreintes, etc…. Dieu est tout proche de nous, car il le chemin qui soutient nos pas. Si Dieu est la vie, alors il y a de la sainteté dans la vie, vivons donc cette sainteté du vivre. Pour cela la foi et la vie, le sacré et les réalités terrestres ne s’opposent pas mais se rencontrent et s’embrassent, comme dans les psaumes.