Homélie 32ème dimanche du temps ordinaire

par le père Thierry Knecht


XXXII dimanche du temps ordinaire Année C

« Il n’est pas le Dieu des morts mais des vivants. Tous, en effet, vivent pour lui ».
L’affirmation de Jésus nous donne aujourd’hui la possibilité d’affronter un dernier volet sur l’identité du disciple avant de saluer et de remercier saint Luc de nous avoir accompagnés durant toute cette année liturgique.

Lors d’une discussion de Jésus avec les sadducéens qui à la différence des pharisiens, représentaient l’aile aristocratique et conservatrice d’Israël et considéraient la doctrine sur la résurrection des morts comme un ajout inutile à la doctrine de Moïse, car elle s’est développée lentement dans la pensée du Peuple de Dieu et ne sera définitivement formulée qu’au temps de la révolte des Maccabées. Mêlant et entremêlant ainsi la théorie de la résurrection avec la coutume du Lévirat (la descendance était tellement importante qu’un frère devait donner un fils à sa belle sœur veuve), les sadducéens posent à Jésus un cas d’école (la fameuse histoire de la veuve « mangeuse de maris »!).

Jésus, quant à lui, cherche à élever le débat. Il les invite à ne pas projeter dans l’au-delà notre réalité terrestre mais il propose une nouvelle vision celle d’une plénitude commencée et jamais terminée, qui ne supprime pas les affections qui s’oppose à la vision de la réincarnation, car pour Die, nous sommes uniques, non recyclables, et la vie n’est pas une punition qu’il faut fuir, mais une opportunité dans lequel nous devons grandir !. Cette vision proposée par Jésus nous pousse à avoir confiance en un Dieu dynamique et vivant, non en un Dieu embaumé !

Toutefois, je voudrais m’arrêter ce matin sur cette affirmation péremptoire de Jésus : Il est le Dieu des vivants, tous en effet vivent pour lui. Arrivant au terme de cette année liturgique et de notre réflexion lucanienne sur l’identité du disciple, je dois me poser deux questions que je pourrais qualifier de fondamentales : est-ce que je crois au Dieu des vivants ? Et suis-je moi-même vivant ?

Je crois au Dieu des vivants si pour moi la foi est une recherche et non une habitude, si elle est un désir nostalgique et insatiable et non un devoir ennuyeux, si elle est un élan et une prière et non un rite ou une superstition. Dieu est vivant si je me laisse rencontrer par lui comme Zachée, convertir comme Paul, pour qui, après sa rencontre rien n’était plus comme avant. Je crois en un Dieu vivant si j’accueille sa Parole qui m’interroge et me donne des réponses. Je crois au Dieu des vivants si j’arrive encore à admirer un homme faire du bien à un autre, car j’y vois Dieu à l’œuvre. Comme la mère de la première lecture qui encourage ses fils aux martyrs plutôt que d’abjurer leur propre foi, comme tant, trop de martyrs chrétiens aujourd’hui victimes de fausses idéologies religieuses.

Suis-je moi-même vivant ? Je le suis si j’apprends le chemin de mon intériorité, si je ne me laisse pas tromper par les sirènes qui me promettent le bonheur si je possède, apparaît, produis, gagne, séduis etc. Je suis vivant si je sais pardonner, si je sais chercher, si je comprends que dans cette vie il y a quelque chose à découvrir, un « plus » caché dans les plis de l’histoire, de mon histoire.
Alors une décision est à prendre, une réponse est à donner à la question de l’Evangile de ce matin : Voulez-vous, vous aussi, devenir des disciples d’un Dieu vivant ? Voulez-vous, finalement, vivre comme des hommes et des femmes vivants ?