À Jérusalem, dans le tombeau du Christ exceptionnellement ouvert

Pour la première fois depuis 1809, la plaque de marbre qui recouvrait le tombeau du Christ a été déplacée dans le cadre de la restauration de l’édicule de la basilique du Saint-Sépulcre, à Jérusalem. Pendant trois jours, du 26 au 29 octobre, quelques rares privilégiés ont pu toucher le rocher originel. Parmi eux, Marie-Armelle Beaulieu, rédactrice en chef de Terre sainte magazine qui consacrera prochainement un numéro spécial à ce sujet, accompagné de photos exclusives.


Comment avez-vous réussi à pénétrer dans le cœur du christianisme, ouvert exceptionnellement en ces jours de restauration ?

Voilà plus de trente ans que je suis en Terre sainte dont onze au service des Franciscains. Alors j’ai mes entrées ! Et le Saint-Sépulcre, j’en suis tombée follement amoureuse : je le fréquente jour et nuit, bondé ou désert. Combien plus la semaine dernière… Le mercredi soir, j’étais déjà heureuse d’être derrière les barrières, sachant que le tombeau était ouvert. J’étais touchée de voir les visages émus, yeux humides, de ceux qui en sortaient. Mais quand le jeudi matin, un moine grec orthodoxe m’a invitée à entrer à mon tour, je ne vous dis pas…

Justement, dites-nous, quelles ont été vos impressions ?

J’étais d’abord bouleversée à l’idée de vivre un moment d’histoire. De faire partie des rares privilégiés qui depuis le 4e siècle ont pu voir de leurs yeux le rocher même sur lequel le corps du Christ a reposé avant de ressusciter. Le toucher. Quand vous pensez qu’il n’y a qu’une centaine de personnes qui, en trois jours, ont vu ce que seulement quelques personnes ont pu contempler il y a 200 ans et quelques autres, 500 ans plus tôt… ça vous donne le vertige ! J’ai partagé avec ceux qui étaient avec moi une intense émotion spirituelle.

Vous êtes-vous retrouvée dans la peau des saintes femmes au matin de la résurrection ?

Je suis de fait l’une des rares femmes à être entrée dans le tombeau ouvert. Maintenant, les Frères avec qui j’étais – et qui ont accouru comme Pierre et Jean à l’annonce de la résurrection – m’appellent Marie-Madeleine ! Tous, nous avons évidemment été dans cette joie, cet émerveillement de l’événement pascal. On a vécu comme un raccourci de Pâques. Mais c’est normalement l’expérience que devraient faire tous les pèlerins.

Maintenant, les Frères avec qui j’étais […] m’appellent Marie-Madeleine !
Qu’avez-vous donc vécu de plus en touchant le rocher lui-même ?

C’est difficile à dire… On ne peut pas le traduire en mots. C’est l’expérience de foi qui a prévalu. De joie. Ne nous trompons pas : nous ne sommes pas des adorateurs d’une pierre. Aucun d’entre nous n’a adoré la pierre sinon nous serions des païens ! On a adoré le signe visible de la réalité invisible de la Résurrection du Christ. On n’a rien fait de plus que tous les pèlerins qui entrent dans le sépulcre depuis des siècles : constater que l’endroit est vide. Que le Christ est vraiment ressuscité.

En êtes-vous donc sortie avec une foi plus grande en la Résurrection ?

Qu’Il soit ressuscité, je le savais déjà, je le croyais déjà. Je n’ai pas le sentiment de le croire davantage. Par contre, j’en ressors avec une foi plus grande en sa miséricorde. Celle qu’Il m’a faite en me permettant d’entrer au tombeau. Celle, plus grande encore, qu’Il nous fait à tous en ressuscitant.

Et si on découvrait que ce tombeau n’est pas vraiment celui du Christ ?

Depuis 1700 ans, les chrétiens vénèrent ce lieu comme la position du point GPS de la mort et de la résurrection du Christ. Va-t-on pouvoir vérifier scientifiquement que ce caveau est le bon ? On verra. Mais finalement, ça ne changerait rien puisque ce n’est pas cette pierre que j’adore, mais tout ce que celle-ci me révèle de la puissance miséricordieuse de la Résurrection. Je plagierais bien saint Augustin en disant : bienheureux rocher qui nous parle d’une telle Rédemption ! Le reste, on s’en fiche. Ça peut être dix mètres plus loin, quinze mètres ailleurs… Ce qui compte c’est que Jésus vrai Dieu est aussi vrai homme : né, mort et ressuscité quelque part. C’est tout le mystère et la grâce des lieux saints en Terre sainte.

Le témoignage de Mgr William Shomali, vicaire patriarcal à Jérusalem

« Je suis émerveillé devant la nouvelle que la pierre qui couvrait le tombeau du Christ vient d’être ouverte pour montrer une partie du rocher qui hébergea pour trois jours le corps du Christ. La conservation de ce site pendant deux mille ans offre plus de crédibilité à la foi chrétienne telle qu’elle a été révélée dans les Évangiles : notre foi est ancrée dans l’histoire et n’est pas une légende sacrée. Encore une fois nous pouvons crier : Il est ressuscité.

Notre amour pour le Christ nous rend désireux d’en savoir un peu plus sur l’histoire de ce tombeau, le lieu le plus sacré de la chrétienté, et fondement de notre foi. »