PUISQUE JE CONFESSE À NOUVEAU LES MÊMES PÉCHÉS À QUOI BON ?

« Lorsque j’ai l’impression de faire du sur-place, sans changement ni progrès, mais que je persévère à me tourner humblement vers mon Seigneur, certes je n’avance pas comme je le souhaiterais, mais je progresse en profondeur : je suis creusé par la conscience de ma pauvreté et rempli par la douce miséricorde du Père. ».
« Fondamentalement le sacrement de la pénitence est une Réconciliation. Elle change notre situation spirituelle en nous réconciliant avec le Père. Elle transforme nos relations humaines en nous réconciliant avec l’Église, communauté de pécheurs pardonnés. ». Une chronique de Mgr Denis Jachiet, vicaire général.


Voici plusieurs mois que je ne me suis pas confessé. Ayant décidé de ne pas attendre davantage, je me prépare. En faisant un examen de conscience, les péchés que je relève ne sont pas différents de ceux confessés la dernière fois et d’autres fois encore. Le découragement me saisit : vais-je confesser indéfiniment les mêmes péchés ? Si je suis incapable de changer de comportement dans ces domaines, à quoi bon m’en confesser si je constate que rien ne change ?

Il est vrai que c’est pénible et humiliant de constater que des efforts consentis, un regard sincère et le pardon reçu ne nous ont pas permis de progresser sur tel ou tel point. Il ne faudrait pas pour autant oublier les petits progrès ou les étapes franchies dans d’autres domaines pour se laisser obnubiler par ce qui ne change pas.
Peut-être faut-il surtout changer son point de vue. Peut-être faut-il regarder notre situation non pas de notre point de vue mais de celui du Seigneur. Jésus a déclaré : « Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin du médecin mais les malades. » (Lc 5,31) Le Christ se présente comme un médecin qui ne se lasse pas d’aller vers les malades qui lui demandent la guérison. Si parfois l’homme se lasse de redemander pardon, Dieu, lui, ne se lasse pas de pardonner celui qui se repent car il est un Père dont la tendresse et la patience n’ont pas de limites. Prenons conscience en même temps de la portée spirituelle de chacun de nos repentirs, de chaque absolution que nous avons reçue dans la foi, même si le changement moral effectif n’est pas encore atteint. Tout sacrement célébré en vérité produit un fruit de grâce en celui qui le reçoit et en même temps dans la vie de l’Église, même si nous n’en avons pas conscience.

Il est des péchés dont on ne sort pas facilement. Parce qu’ils ont des racines profondes en nous ils vont nécessiter un long combat, qui pourra même durer toute sa vie. Aux yeux du Seigneur ce combat a du prix, même si il ne semble pas aboutir, car il contribue à l’œuvre de salut du Christ en nous et dans le monde. Persévérer dans la lutte et dans l’humble repentir permet à la grâce de nous transformer en profondeur. Car le Seigneur, dit St Paul dans l’épître aux Ephésiens, « peut réaliser, par la puissance qu’il met en œuvre en nous, infiniment plus que nous ne pouvons demander ou même concevoir. » (Ep3, 20)

Lorsque j’ai l’impression de faire du sur-place, sans changement ni progrès, mais que je persévère à me tourner humblement vers mon Seigneur, certes je n’avance pas comme je le souhaiterais, mais je progresse en profondeur : je suis creusé par la conscience de ma pauvreté et rempli par la douce miséricorde du Père.