Le b.a.-ba du sacrement des malades

Le sacrement des malades revient de loin. Longtemps réservé aux mourants, mal compris, il avait bien failli disparaître. En réalité, Jésus en personne donne au malade sa force et sa paix, au creux de l’épreuve.


Le sacrement des malades ? Reconnaissons-le, il fait peur. « En présence d’un malade, on pense parfois : “N’appelons pas le prêtre, cela portera malheur”, ou “le malade va prendre peur”. Parce que l’on a un peu l’idée qu’après le prêtre arrivent les pompes funèbres », a relevé en souriant le pape François lors de l’une de ses audiences[1]. « Or, cela n’est pas vrai ! », a-t-il réagi avec vigueur.

Ce n’est pas le sacrement des mourants !

En effet, l’onction des malades n’est pas le sacrement des mourants, comme ont pu le laisser croire très longtemps les appellations, nées avec l’usage, d’« extrême-onction » ou « derniers sacrements ». Il est le sacrement « des personnes gravement malades. On peut le recevoir chaque fois que l’on commence à être en danger de mort par maladie, affaiblissement ou vieillesse. Donc également avant une grave opération ou à un âge très avancé, même sans être pour autant réellement malade » explique le cardinal Danneels dans son ouvrage Le Jardin des sept sources[2]. Anne, 30 ans, ébranlée par une tumeur bénigne au cerveau, l’a ainsi reçu avant d’être opérée.

L’onction des malades est donnée par le prêtre « en famille, à l’hôpital ou à l’église, pour un seul malade ou pour tout un groupe »[3]. Pour Anne, c’était lors de la messe de la Journée mondiale des malades, le 11 février, en même temps que d’autres membres âgés et malades de sa paroisse. Le prêtre lui a imposé les mains, puis il a fait une onction avec de l’huile sur son front et ses mains en disant : « Par cette onction sainte, que le Seigneur, en sa grande bonté vous réconforte par la grâce de l’Esprit Saint. Ainsi, vous ayant libéré de tous péchés, qu’il vous sauve et vous relève ».

« Je veux prendre soin de toi »

« Au début, j’étais réticente à recevoir ce sacrement, témoigne Anne. Je crois que je n’aimais pas l’idée d’être malade. Et puis, j’ai senti que j’avais à dire oui, parce que c’était, pour moi, la manière dont le Seigneur venait me dire : “Je veux prendre soin de toi.” » Dans ce sacrement, a rappelé le pape François, « est présent le Seigneur Jésus lui-même, qui nous prend par la main, nous caresse comme il le faisait avec les malades et nous rappelle que désormais, nous lui appartenons et que rien — pas même le mal et la mort — ne pourra jamais nous séparer de lui » (audience du 26 février 2014).

Le Christ est le médecin dont les malades ont besoin. Sa compassion envers tous ceux qui souffrent va si loin qu’il s’identifie à eux. Catéchisme de l’Église catholique § 1503

Le sacrement ne supprime pas la souffrance mais lui donne un sens

Le sacrement donne au malade une grâce spéciale de l’Esprit Saint, une grâce de force et de paix pour garder le cœur ouvert, alors que la souffrance peut le mettre dans une situation de révolte ou de repli sur soi. « Je me sentais loin de tous et loin de Dieu, se souvient Chantal. Des douleurs permanentes entraînaient un repli sur moi-même, le sentiment de ne pouvoir rien faire, ni pour les autres, ni pour moi. J’ai demandé ce sacrement pour recevoir la force de l’Esprit Saint et qu’il m’aide à sortir de mon enfermement[4]. »

Il ne supprime pas (toujours) la souffrance, mais lui donne un sens, à travers le mystère pascal : « Quand un malade se laisse mener (…) dans la Passion du Seigneur, sa maladie est une grâce pour l’ensemble de l’Église. Ce n’est plus seulement l’Église qui prie pour le malade, le malade prie aussi pour l’Église[5] ». C’est un peu comme si l’onction des malades « consacrait » celui qui le reçoit pour ce service particulier de la souffrance vécue par amour pour l’Église. « L’onction des malades achève de nous conformer à la mort et à la Résurrection du Christ comme le baptême avait commencé de le faire[6] ». Ainsi le malade ne subit plus sa maladie de manière fataliste et stérile ; par grâce, il la transforme en offrande d’amour pour le bien des autres.

Le viatique et le sacrement des malades : à ne pas confondre !

Le viaticum, en latin, c’est ce qui est nécessaire pour le voyage : les provisions, l’argent. Par extension, il désigne la dernière Eucharistie de celui dont la vie touche à son aboutissement. « Reçue à ce moment de passage vers le Père, la communion au corps et au sang du Christ a une signification et une importance particulières. Elle est semence de vie éternelle et puissance de résurrection […]. Sacrement du Christ mort et ressuscité, l’eucharistie est ici sacrement du passage de la mort à la vie, de ce monde vers le Père » (Catéchisme de l’Église catholique, § 1524).

Comme le viatique est normalement accompagné du sacrement des malades, on a confondu les deux, alors qu’il s’agit de deux sacrements distincts, chacun ayant sa grâce propre.

Lorsque la personne n’est pas dans les derniers moments de sa vie mais qu’elle souhaite recevoir le sacrement des malades, l’Eucharistie peut lui être proposée en plus. Ce n’est pas obligatoire et l’Eucharistie n’est alors pas proposée en tant que viatique, mais en tant que précieuse nourriture pour traverser l’épreuve de la maladie ou du grand âge.

Christine Ponsard et Marie de Varax