Pourquoi Jésus a t il été baptisé ?

L’Unesco inscrit le lieu du Baptême de Jésus au patrimoine de l’humanité! Contemplons ce moment du baptême du Christ

Paraboles d’un curé de campagne, une émission de KTO
https://youtu.be/SwT0NiY6mks


Jésus n’a pas besoin du baptême de Jean Baptiste qui était signe de repentir, lui qui est sans péché, ni d’un don de l’Esprit, puisqu’il est le Fils de Dieu depuis toujours et possède donc l’Esprit en plénitude. Mais, par ce signe, Jésus s’est solidarisé avec nous et nous fait don du baptême : c’est Lui qui baptise dans l’Esprit pour que nous soyons « un » avec lui dans son humanité ressuscitée.
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Les quatre évangélistes rapportent que Jésus a commencé sa vie publique* en recevant le baptême de Jean Baptiste. Leurs récits, compris et écrits à la lumière de sa Résurrection, confirment leur témoignage de foi et montrent la nouveauté du baptême de Jésus. Jean Baptiste donnait un baptême d’eau caractérisé par le jugement et la purification en signe de « repentir pour la rémission des péchés » (Luc 3,3), c’est-à-dire pour surmonter la division entre les hommes et Dieu et changer de vie.

Cette division n’existe pas en Jésus : Lui, le Verbe de tout commencement (Jean 1,1) n’a pas besoin de conversion pour entrer dans une vie nouvelle. Pourtant le voici qui se mêle aux pécheurs, il est baptisé avec eux. Mais l’eau ne signifie pas seulement la purification. Dans les annonces de l’Ancien Testament, elle est liée à la Pâque, au passage par la mort vers la vie : la libération des hébreux est passage de la mer rouge (Exode 14), la traversée du Jourdain est la fin du temps du désert et l’entrée dans la terre promise (Deutéronome 11, 31). Le baptême d’eau reçu par Jésus fait alors sens : il préfigure l’heure de la croix où, par amour pour nous et dans la confiance en son Père, Jésus traversera les eaux de la mort et le péché (la séparation avec Dieu) pour nous faire vivre de sa vie divine.
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En Jésus, nous sommes enfant de Dieu

Au moment où Jésus se veut un homme comme les autres, la présence de l’Esprit en lui (Marc 1, 10) et son identité de Fils sont publiquement attestées : « Tu es mon Fils bien-aimé » (Marc 1, 11). Ce récit du baptême n’est donc pas un récit de vocation au sens où Jésus serait confirmé dans sa mission par le don de l’Esprit, encore moins au sens où Jésus deviendrait Fils au moment de son baptême. De ceux qui ont reçu une vocation on dira qu’ils ont « reçu » l’Esprit. De Jésus, on dira qu’au baptême, la présence de l’Esprit, qui unit Père et Fils, est manifestée (révélée) aux êtres humains. Cet Esprit lui-même atteste à notre esprit qu’en Jésus « nous sommes enfants de Dieu ; enfants et donc héritiers, cohéritiers du Christ » (Romains 8-16-17). « afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous menions nous aussi une vie nouvelle » (Romains 6, 3-4).

En recevant le baptême, Jésus nous en fait don

En nous faisant participer au mystère pascal de sa mort et résurrection, Jésus nous baptise dans l’Esprit. Jésus croit en la parole du Père : « Tu es mon Fils ». C’est une parole de vie qui l’investit solennellement pour sa mission de Messie**. Il la prend au sérieux, il la traduit en actes. Elle lui donne confiance et assurance : quoi qu’il arrive Jésus sera toujours le bien-aimé de Dieu, en lui se révélera l’amour de Dieu, un amour plus fort que la mort.

En recevant le baptême, Jésus nous en fait don, il nous fait entrer dans sa communion avec son Père. Il inaugure pour nous ce temps nouveau « où ceux-là sont fils de Dieu qui sont conduits par l’Esprit de Dieu » (Romains 8,14). La Parole de Dieu « Tu es mon fils, moi aujourd’hui, je t’ai engendré » nous est adressée, elle est pour nous. Elle nous ouvre un chemin de confiance, de liberté et d’ouverture aux autres, elle est promesse de vie. Il ne dépend que de nous d’accepter ou de refuser ce don de Dieu. Dans l’appel que Dieu nous adresse, sommes-nous prêts à reconnaître Jésus comme le Messie, le Fils de Dieu ?

Marie-Jeanne Bernassau, Cetad, responsable du département Approfondir la Foi

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Baptistère des Orthodoxes à Ravenne, médaillon central de la coupole – Vème siècle – Mosaïque

Dans ce médaillon central qui couronne la coupole du baptistère des Orthodoxes à Ravenne, nous voyons Jésus immergé jusqu’à mi-corps dans les eaux du fleuve. Le grand talent des mosaïstes reproduit le flux et la transparence de l’eau du Jourdain qui laisse entrevoir la nudité du Christ, manifestant ainsi son humanité. Les artistes sont encore imprégnés des canons antiques puisque le Jourdain est personnifié par le personnage placé à sa droite.

Jean-Baptiste, sur un promontoire rocheux, vêtu d’une peau de bête, verse l’eau de la main droite. Il tient, de l’autre main, une croix richement ornée, telle un bâton pastoral. Elle rappelle que la solidarité de Jésus avec les pécheurs et les hommes en général lui fait accepter cet autre baptême qu’est celui de la mort (Mc 10,38-41). L’immersion dans les eaux du Jourdain annonce déjà la plongée dans la mort. Jésus descend dans les eaux pour y noyer le péché des hommes qu’il prend sur lui, mais sa remontée marque, pour l’humanité, la renaissance à la vie nouvelle et à l’Esprit de Dieu.

Reconnaître en Jésus le serviteur bien-aimé

La colombe de l’Esprit Saint est placée au-dessus du Christ, jaillissant du fond d’or, selon la tradition byzantine qui indique que la source de la scène représentée est sacrée. L’Esprit accompagne la voix qui se fit entendre : » C’est toi mon Fils : moi, aujourd’hui, je t’ai engendré « . Cette désignation de Jésus invite tout lecteur de l’évangile, tout homme, à reconnaître en Jésus, dès le moment initial de son activité publique, le serviteur bien-aimé de Dieu annoncé par Isaïe. Il est le Fils de Dieu en un sens tout à fait singulier, dont la mission est de restaurer les relations de Père à fils entre Dieu et les hommes. Cet appel nous atteint par-delà les âges.

Jésus entièrement solidaire des hommes

Pour accomplir sa mission, Jésus demande le baptême que Jean Baptiste administrait pour la rémission des péchés. Par ce geste, Jésus se montre entièrement solidaire des hommes pécheurs, au milieu desquels sa mission prend tout son sens. Non seulement Jésus annonce que les entraves du péché peuvent être brisées, mais il montre, par sa fidélité totale à Dieu, qu’il est possible pour tout homme, même au cœur d’un monde marqué par le mal, de faire germer l’amour que Dieu a semé dans le cœur de tous.

Père Frédéric Curnier-Laroche, historien de l’art et prêtre du diocèse d’Autun