Vaut-il mieux prier le Père, le Fils ou l’Esprit Saint ?

La Sainte Trinité est le mystère d’un Dieu unique en trois personnes, une circulation permanente d’amour sur laquelle nous sommes « branchés » depuis notre baptême. La prière est le moyen d’approfondir notre communion avec le Dieu trinitaire.


La Sainte Trinité est le mystère d’un Dieu unique en trois personnes, une circulation permanente d’amour sur laquelle nous sommes « branchés » depuis notre baptême. La prière est le moyen d’approfondir notre communion avec le Dieu trinitaire.

Invités à plonger dans les eaux vives de l’amour

Dieu n’était absolument pas obligé de créer des anges et des hommes pour avoir des personnes à aimer. Il ne l’a pas fait pour échapper à une solitude insupportable : de toute éternité, il vit en lui-même des relations d’amour. Le Père ne cesse d’engendrer, d’aimer et d’admirer un Fils qui ne cesse en retour d’aimer et d’admirer son Père. Et le va-et-vient d’amour entre le Père et le Fils, c’est l’Esprit Saint.

Cependant, par « débordement » d’amour, et de manière tout à fait gratuite, il a appelé à l’existence les anges, puis l’homme, pour partager sa joie avec les créatures de son amour.

Petit à petit, Dieu s’est révélé à l’homme et cette révélation a été complète avec le Christ, le Verbe fait chair : Dieu est l’Unique en trois personnes. Parce qu’il nous a créés, par amour, à son image, nous sommes en quelque sorte déjà ses enfants comme l’Ancien Testament ose parfois le dire (Isaïe 63, 16). Mais cette filiation ne devient véritable que quand le Fils devient l’un de nous par l’Incarnation et qu’après sa résurrection il nous appelle ses « frères » et désigne Dieu comme notre « Père » (Jean 20, 17). Par notre baptême nous recevons la vie même de Dieu, nous sommes « branchés » sur ce courant d’amour trinitaire qui nous donne l’assurance que la mort et le mal n’auront plus jamais le dernier mot.

Rien d’automatique néanmoins ! Il nous faut toute notre vie cultiver cette relation avec Dieu, notre Père et notre Sauveur. Comment faire ? En priant : c’est-à-dire, en lui parlant et en l’adorant.

Le signe de croix

La première prière est celle du signe de croix. Elle est certes, en quelque sorte, notre « carte d’identité catholique », mais cela ne veut pas dire qu’il faut l’expédier comme un soldat énumère à toute vitesse son matricule ! Comme le disait le saint Curé d’Ars, « il faut faire le signe de la Croix avec un grand respect. On commence par la tête : c’est le chef, la création, le Père ; ensuite le cœur : l’amour, la vie, la rédemption, le Fils ; les épaules : la force, le Saint-Esprit. »

Vaut-il mieux prier le Père, le Fils ou l’Esprit Saint ?

Ô mon Dieu, Trinité que j’adore, aidez-moi à m’oublier entièrement pour m’établir en Vous, immobile et paisible, comme si déjà mon âme était dans l’éternité !
Ainsi débute la célèbre prière de la bienheureuse Élisabeth de La Trinité. On peut passer des heures à se perdre en Dieu, sans penser explicitement à la distinction entre les Personnes de la Trinité.

Mais on peut aussi, comme le fait la carmélite de Dijon dans la suite de sa prière, s’adresser plus spécialement à l’Une des Trois.

• Par exemple, méditer longuement le Notre Père, ne parler qu’à lui. Le remercier et le louer pour sa Création, visible et invisible, le bénir pour sa Providence attentive – et plus que cela, lui demander que sa volonté soit faite en nous et ainsi que nous pénétrions davantage dans l’action de cette Providence.

Même si l’on sait qu’il est impossible de le faire sans la médiation de Jésus et sans le souffle de l’Esprit, puisque Jésus nous a dit que nul ne peut aller au Père sans passer par lui (Jean 14, 6), et que c’est l’Esprit qui nous fait dire : « Abba ! Père » (Romains 8, 15).

• Nous aimons surtout regarder longuement Jésus. Lui-même nous y encourage : « Qui m’a vu a vu le Père » (Jean 14, 9).

Nous sommes heureux de pouvoir causer avec Jésus, tout en nous représentant son visage et ses gestes et en reposant sur son cœur. Sainte Thérèse d’Avila se moque gentiment de ces chrétiens qui s’imaginent être plus mystiques que les autres parce qu’ils prient toujours les yeux fermés, sans avoir besoin d’images ni de statues : ils oublient tout simplement, nous dit-elle, la sainte humanité du Christ, qui doit toujours être présente d’une certaine façon à l’esprit et au cœur de ses disciples. Être chrétien, c’est « suivre le Christ », se « scotcher » à lui !

Pas d’autre chemin de la prière chrétienne que le Christ

« Il n’est pas d’autre chemin de la prière chrétienne que le Christ. Que notre prière soit communautaire ou personnelle, vocale ou intérieure, elle n’a accès au Père que si nous prions “dans le nom” de Jésus. La Sainte Humanité de Jésus est donc le chemin par lequel l’Esprit Saint nous apprend à prier Dieu notre Père » (CEC 2664).

• Nous pouvons enfin demander directement à l’Esprit de venir assouplir, rajeunir, réjouir notre cœur. Car c’est lui l’âme de notre prière, la source vive qui fait couler en elle des flots de lumière et de vie. La prière la plus simple et la plus directe est : « Viens, Esprit Saint ». Chaque tradition liturgique l’a développée dans des antiennes et des hymnes (Veni Creator, Séquence de la Pentecôte…).

Priez le Saint-Esprit !

« Puisque l’Esprit Saint nous apprend à prier en nous rappelant le Christ, comment ne pas le prier lui-même ? C’est pourquoi l’Église nous invite à implorer chaque jour le Saint-Esprit, spécialement au commencement et au terme de toute action importante » (CEC 2670).

Mais on peut le faire en pensant que Jésus, présent dans notre cœur, ne cesse de demander à son Père de nous l’envoyer : « Je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu’il soit avec vous à jamais » (Jean 14, 16). Qu’il est bon de penser que l’Esprit nous est donné par le Père en réponse à la demande faite par Jésus dans le fond de notre cœur. On s’habitue ainsi à penser au dialogue trinitaire qui a lieu constamment au cœur de nous-mêmes.

Ainsi, n’oublions pas qu’en célébrant la bonté et les merveilles accomplies par l’Un des Trois, c’est la bonté et les merveilles accomplies par les deux autres que nous chantons, puisqu’ils n’ont à eux trois qu’une seule et même intelligence, une seule et même activité.

Parole de feu

« Ah, tu le sais, Divin Jésus, je t’aime / L’Esprit d’amour m’embrase de son feu / C’est en t’aimant que j’attire le Père / Mon faible cœur le garde sans retour. / Ô Trinité ! Vous êtes prisonnière de mon amour ! » Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus

Abbé Pierre Descouvemont et Marie de Varax