Un sacrement, c’est quoi ?

Les sacrements jalonnent la vie chrétienne. Mais que sont-ils ? Ils sont les signes sensibles et efficaces de la grâce, les témoins visibles que le Christ est présent au milieu de nous pour nous vivifier et nous guérir.


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• Un signe sensible de la présence du Christ

Un sacrement est un signe sensible qui permet de nous rendre compte de la présence de Dieu au milieu de nous. Nous ne sommes pas uniquement des êtres de raison, nous avons un corps. Nous avons besoin de voir, de toucher, comme les gens du temps de Jésus n’hésitaient pas parfois à le toucher pour être guéri (voir Marc 5, 25-30) !

Jésus n’est plus visible aujourd’hui, mais le Christ ressuscité est bien présent auprès de nous, et les sacrements sont des signes, donnés par son Église, de cette présence.

Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. Jean 20, 22-23
Un acte magique ?

Les sacrements n’ont rien de magique. Si leur valeur sanctificatrice ne dépend ni du comportement moral de celui qui l’administre, ni de celui qui le reçoit (ils sont efficaces par eux-mêmes, parce que le Christ lui-même est à l’œuvre), ils ne peuvent cependant agir que compris et reçus dans la foi. Bien sûr, celle-ci sera fortifiée par le sacrement et nécessitera d’être approfondie par la suite. Néanmoins, l’accueil de la vraie foi est demandé à toute personne souhaitant recevoir un sacrement. Jésus a bien demandé à ses Apôtres d’évangéliser d’abord, et de baptiser ensuite ! (Youcat n° 177)

• Un signe efficace qui nous transmet la force du Christ

Plus que des signes, les sacrements sont des forces qui sortent du corps du Christ, toujours vivant, pour nous guérir et nous vivifier (CEC 1116). Au nombre de sept, ils n’ont qu’un seul but : donner la vie et la donner en abondance[1]. À travers eux, Dieu lui-même se donne à nous.

On dit que le signe du sacrement réalise la grâce qu’il signifie. Par exemple, l’eau versée trois fois sur le candidat au baptême, accompagnée des paroles « Je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit », a comme effet immédiat d’effacer en lui la marque du péché originel, de l’absoudre de ses péchés personnels s’il y a lieu, et de le faire renaître à une vie nouvelle, dans le Christ.

Les sacrements nous rappellent que la Parole de Dieu est efficace. « Jésus dit : va, tes péchés sont pardonnés » (Marc 2, 5): ce qu’il dit, sa parole le réalise effectivement et immédiatement. Dans les sacrements se manifeste cette même efficacité, même si celle-ci est invisible à nos yeux : l’hostie a toujours les apparences du pain, le confirmé est toujours le même physiquement… C’est avec les yeux de la foi que nous pouvons voir la transformation opérée.

Signes, paroles et symboles

Un sacrement associe toujours deux choses :

– Un signe (que les théologiens appellent la matière du sacrement) : l’eau, l’huile, le geste d’imposer les mains… Il est le canal de la grâce, un peu comme le fil électrique permet de faire passer le courant !

– Une parole (la forme du sacrement) : elle explicite le sens du sacrement et le réalise. Par exemple, lors du mariage, les fiancés se disent : « Je te reçois comme époux et je me donne à toi pour t’aimer fidèlement tout au long de notre vie. » À ce moment, l’homme et la femme sont faits mari et femme. Pour les autres sacrements, cette parole est prononcée par un diacre, un prêtre ou un évêque.

La célébration sacramentelle qui se déploie autour de ce signe central est pleine d’autres signes et symboles montrant les richesses du don qui est fait. Ainsi, le candidat au baptême est marqué du signe de la Croix, pour signifier qu’il appartient désormais au Christ. Son front est imprégné d’huile parfumée, symbole de l’Esprit Saint qui lui est donné, qui imprègne sa vie et le pousse à répandre dans sa vie la « bonne odeur du Christ ».

Tous ces signes et symboles renvoient aux dons de la Création (l’eau, le pain tiré du blé, le vin tiré du raisin…) et à l’histoire du peuple de Dieu (l’eau du baptême fait penser par exemple à la traversée de la Mer rouge par le peuple hébreu). Leur sens se révèle pleinement dans la personne et l’œuvre du Christ : il est lui-même le sens de tous ces signes, c’est lui-même qui parle et qui agit en eux[2].

• Il permet à l’Église, corps mystique du Christ, de s’édifier

Les sacrements sont un don du Christ pour l’Église. Ils la fondent, la nourrissent et la conduisent à sa perfection :

– Le baptême fait entrer dans la communauté chrétienne, comme enfant de Dieu et de l’Église.

– La confirmation rend apôtre de la foi et défenseur de l’Église.

– L’Eucharistie fait devenir plus profondément ce que l’on reçoit : le corps du Christ.

– Le sacrement de pénitence-réconciliation permet notre sanctification.

– Le sacrement du mariage rend les époux signe de l’alliance entre Dieu et son peuple, et fonde la famille, cellule de base de la société.

– L’ordre fait les prêtres, au service de tous, médiateur entre Dieu et les hommes.

– Le sacrement des malades donne force aux plus faibles et prépare les mourants à rejoindre l’Église des saints et des bienheureux.

Le Christ a confié les signes et les paroles sacramentels à ses Apôtres et à ses successeurs, évêques et prêtres. Ils ont la charge de les administrer au nom de l’Église.

• Une aide pour chaque âge et condition de notre vie

Notre vie est marquée d’étapes : naissance, atteinte de la pleine croissance, mariage, prise de fonctions publiques pour certains… Elle a besoin d’être soutenue, fortifiée et guérie à l’heure de la maladie et de l’épreuve.

Notre vie spirituelle connaît les mêmes étapes et besoins. Les sacrements accompagnent ainsi tous les moments importants de la vie terrestre.

Pourquoi sept sacrements ?

Tous les sacrements ont été institués par Jésus Christ (CEC 1114). Pour certains d’entre eux, nous savons précisément quand et comment ils l’ont été : le Christ a demandé à ses Apôtres de baptiser, et il a institué l’Eucharistie lors de son dernier repas, la veille de sa Passion. Les autres ont tous un ancrage dans sa vie et prolongent une attention qu’il a portée à un aspect de notre existence : mariage, maladie, conversion, etc.

C’est au XIIe siècle que l’Église a dénombré sept sacrements, après un long temps de discernement (CEC 1117).

L’Eucharistie est « le sacrement des sacrements », celui qui signifie fondamentalement le mystère du don de Dieu à l’homme et de l’homme à Dieu. Les autres développent, chacun dans sa ligne particulière, l’une des richesses de l’alliance de Dieu avec l’homme[3].